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surtout marquée chez les artistes du commencement du XIIIe siècle. La cathédrale de Bourges, si riche en très-beaux vitraux de cette époque, est, à ce point de vue, une mine inépuisable. Plusieurs de ces vitraux sont exécutés avec perfection, d’autres à la hâte, évidemment, mais sur des cartons de maîtres habiles. Prenons un de ces panneaux (fig. 17), qui représente les enfants de Jacob apportant les vêtements ensanglantés de Joseph à leur père. On retrouve bien ici quelques traces du faire byzantin ; les draperies accusent encore les nus sur quelques points. Mais le naturalisme occidental, l’intention dramatique, percent dans cette composition. La figure de Jacob notamment n’a plus rien d’archaïque ; elle est tout entière inspirée par un sentiment vrai, l’observation de la nature prise sur le fait ; plus de réminiscences de l’antiquité. Si nous examinons les détails de ces derniers vitraux, nous serons plus vivement convaincus encore des changements que le XIIIe siècle apportait dans l’art du verrier comme dans l’architecture même.


La figure 18 est une tête de femme provenant d’une verrière du milieu du XIIe siècle[1]. Dans cet exemple, on ne peut méconnaître l’influence antique transmise par la tradition byzantine. La ressemblance entre cette image et certaines peintures des catacombes de Rome est frappante. Ce sont des arts frères. La figure 19 est le calque, grandeur d’exécution, de la tête du saint Paul du panneau (fig. 14). Ces deux exemples montrent une exé-

  1. Calque d’un fragment appartenant à M. Oudinot.