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procédés ou recettes que nous avait transmis l’école grecque dégénérée. Aussi regardons-nous cette œuvre comme appartenant à la fin du XIIe siècle, à l’époque où l’art tendait à s’affranchir de l’hiératisme, sans abandonner complètement les moyens d’exécution si parfaits employés pendant la première moitié de ce siècle. Dans cette image, comme dans celle du saint Paul, l’artiste cherche l’expression personnelle, il s’affranchit (surtout dans la dernière, figure 19 bis) des types consacrés par les Byzantins. Cependant, entre cette image et celle que nous donnons (fig. 20), qui est calquée sur la tête du Jacob du panneau fig. 17, il y a toute une révolution dans l’art. Ici l’expression atteint l’exagération. Ce dessin est évidemment conçu de manière à produire l’effet cherché en raison de la distance et de la lumière translucide[1]. Ce trait hardi, puissant, étrangement vrai dans son exagération, n’a plus rien de l’art byzantin, et rappellerait bien plutôt certaines peintures de vases grecs de la haute antiquité. C’est là le moment de l’apogée de la peinture sur verre, le point de contact entre les derniers vestiges des arts inspirés par les Byzantins, et les tendances vers le naturalisme.


Déjà (fig. 21) cette tête calquée sur un vitrail de la sainte Chapelle, de Paris (1240 environ) indique l’abandon du vrai style décoratif, et celle-ci (fig. 22), provenant du vitrail de la légende de saint Thomas

  1. Ces calques nous ont été fournis par M. Coffetier.