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[voûte]
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châssis également saillant h, puis un troisième i, puis, toujours en retraite, un panneau de planches. En coupe, ces trois châssis et le panneau donnaient le profil indiqué en R dans la figure 4 ; ainsi se trouvait indiqué en saillie sur le cintrage le moule du caisson. Les maçons pouvaient dès lors exécuter très-rapidement leur travail, comme l’indique le tracé B figure 5. Ils bandaient sur les cintres les nerfs de brique G, réunis au droit des entretoises par les étrésillonnements H, également de brique, légèrement bombés et posés sur une cerce de bois que l’on enlevait sitôt l’étrésillon bandé. Cette membrure de brique, répétant exactement la membrure de bois, laissait visibles les caissons, sur lesquels il n’y avait plus qu’à maçonner un blocage de matériaux légers et mortier (voyez en S). Il est clair qu’au droit des panneaux M, ce blocage était beaucoup plus mince qu’il ne l’était le long des membrures. Ce blocage cellulaire formait alors comme autant de voûtains carrés compris entre les nerfs côtiers, ou longitudes, et les bandes zonales, ou latitudes, de brique. Cette première opération, qui pouvait être rapidement terminée, formait une croûte très-résistante, bien pondérée, légère cependant, et qui rendait dorénavant le cintrage de bois superflu. Celui-ci pouvait se dessécher, jouer dans ses assemblages, sans qu’il pût en résulter le moindre désordre. Mais une voûte hémisphérique de cette étendue, d’une épaisseur de 0m, 50 environ, au droit des nerfs, n’eût pu offrir des garanties de durée sérieuses pour des constructeurs qui prétendaient ne rien abandonner aux chances d’accidents, tels qu’un ouragan, une forte pression atmosphérique, une oscillation du sol (et Rome n’en est pas exempte). Il fallait que ce réseau tout composé de nerfs relativement minces fût préservé, enserré, bridé par une enveloppe protectrice. La calotte hémisphérique régularisée à l’extrados par un bétonnage, ou plutôt un enduit grossier, les constructeurs cherchèrent le moyen le plus propre à garantir cette coque légère et fragile. C’est alors qu’ils durent adopter le système entrevu par Piranesi, système qu’explique la figure 6. De toutes les grandes coupoles connues et encore entières, celle du Panthéon d’Agrippa est la seule qui ne soit pas lézardée. Celle de Sainte-Sophie a dû être restaurée à plusieurs reprises ; celle de Saint-Pierre de Rome est fissurée d’une manière assez grave[1]. Nous croyons donc que c’est grâce à ce système double que la coupole du Panthéon de Rome doit de s’être conservée intacte, malgré des

  1. Il faut dire que ces deux coupoles sont élevées sur pendentifs ; mais la nature des lézardes qui se sont produites dans la coupole de Saint-Pierre de Rome n’indique pas que ces désordres soient dus uniquement à des tassements. Il y a eu ruptures dans la calotte même causées par un léger relèvement de la zone des reins de la coupole. Les déchirures causées par des tassements se sont au contraire produites (et cela devait être) à la base même de la demi-sphère, ce qui motiva la pose d’un cercle de fer à cette base ; ces lézardes sont suivant les longitudes. Les fissures observées à l’extrados de la zone en contre-bas de la lanterne sont au contraire suivant les latitudes, et produisent une pression à l’intrados qui fit détacher des parties d’enduits et de mosaïques.