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structures romaines, qui ne présentent pas d’exemples de ce genre de voûtes. Les Byzantins avaient essayé de construire des voûtes reposant sur des colonnes et formant des pénétrations de cylindres, de cônes ou d’ellipsoïdes ; mais il faut reconnaître que ces tentatives sont grossières, ne procèdent que par tâtonnements, et ne donnent pas comme résultat une méthode géométrique pouvant être formulée. Malgré les difficultés que soulevait la construction des voûtes d’un collatéral pourtournant un sanctuaire reposant sur des colonnes, en partant de la donnée romaine ou byzantine, il est à croire que l’on tenait fort à cette disposition du plan, car les architectes occidentaux ne cessèrent de chercher la solution de ce problème depuis le commencement du XIIe siècle jusqu’à ce qu’ils l’aient résolu d’une manière complète à la fin de ce siècle. Il faut reconnaître même que cette longue suite d’essais ne contribua pas médiocrement à développer le système d’où procède la voûte d’arête du XIIIe siècle ; système excellent, puisqu’il permet toutes les combinaisons imaginables en n’employant toujours qu’un même procédé.

Rien n’est tel, pour faire apprécier la marche progressive d’un travail qui demande les efforts de l’intelligence et les combinaisons successives de l’expérience appuyée sur une science positive comme la géométrie, que de suivre pas à pas les solutions approximatives plus ou moins heureuses du problème posé, que de montrer chaque perfectionnement, l’abandon de certaines méthodes qui ne sauraient conduire à la solution définitive. C’est ce que nous allons essayer de faire, à propos de ces voûtes pourtournant les sanctuaires, en passant successivement par les combinaisons qui se présentèrent aux architectes du moyen âge depuis le point de départ qui leur était donné, jusqu’à la complète solution du problème posé par eux-mêmes.

Les Romains avaient bandé des voûtes d’arête sur des piles isolées à section carrée, dès les premiers temps de l’époque impériale et peut-être même sous la république, pour couvrir des citernes, des étages inférieurs. Ces voûtes ne possédaient pas d’arcs-doubleaux ; c’étaient des demi-cylindres se croisant à angle droit, conformément au plan (fig. 14).

Lorsque les Byzantins voulaient voûter des galeries circulaires portées d’un côté sur des colonnes isolées, ils bandaient des archivoltes d’une colonne à l’autre, et au-dessus des clefs de ces archivoltes ils construisaient un berceau annulaire, ou bien, du mur de précinction, ils élevaient un demi-berceau qui appuyait sa ligne de clefs sur le mur élevé au-dessus des archivoltes. Ils évitaient ainsi les voûtes d’arête, c’est-à-dire les pénétrations des archivoltes dans le berceau annulaire, et en cela ils suivaient la tradition romaine.

Mais ce mode de structure obligeait les architectes à perdre une hauteur considérable au-dessus des archivoltes, et à élever d’autant les constructions, si l’on voulait trouver au-dessus de ces collatéraux circulaires, soit une galerie de premier étage, soit un fenestrage. On prit donc le parti, à la fin du XIe siècle, en Occident, de faire pénétrer les archi-