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les principes établis sur une longue expérience ; méthodes et principes que l’on pouvait perfectionner sans se lancer dans des théories enfantines et très-superficielles. Il n’est pas douteux, rien qu’à examiner les monuments existants, que les maîtres du XIIIe siècle savaient la géométrie et en comprenaient surtout les applications beaucoup mieux que les maîtres du XVIe siècle. Mais les premiers ne s’amusaient pas à la montre, ils se servaient de la science, ainsi que les vrais savants s’en servent, comme d’un moyen, non pour en faire parade. Les architectes de la renaissance prenaient déjà le moyen pour la fin ; et, comme il arrive toujours en pareil cas, on possède une classe de théoriciens spéculatifs passablement pédants, et en arrière une masse compacte ignorant les procédés les plus simples. Au XVIe siècle, on faisait des livres dans lesquels on discutait Vitruve tant bien que mal, où l’on donnait les proportions des ordres, où l’on couvrait des pages d’épures destinées à éblouir le vulgaire, mais on inclinait à construire très-mal, très-grossièrement, dans un pays où l’art de la construction avait atteint un développement prodigieux, comme science d’abord, puis comme emploi raisonné des matériaux et de leurs qualités. L’art s’échappait des mains du peuple, de ces corporations d’artisans, pour devenir l’apanage d’une sorte d’aristocratie de moins en moins comprise, parce qu’elle laissait de côté les principes issus du génie même du pays pour une sorte de formulaire empirique, inexpliqué et inexplicable comme une révélation. Il était évident que tout ce qui pouvait tendre à discuter ce formulaire présenté en manière de dogme devait être repoussé par ce corps aristocratique des nouveaux maîtres, dont l’Académie des beaux-arts conserve aujourd’hui encore les doctrines avec plus de rigueur que jamais. C’est pourquoi, de temps à autre, nous voyons, du sein de ce corps et de ses adeptes les plus fervents, s’échapper une protestation contre l’étude de notre art français du moyen âge et les applications étendues qu’on en peut faire. C’est pourquoi aussi nous ne cessons pas et nous ne cesserons pas de tenter de développer cette étude, de faire entrevoir ses applications, bien convaincu de cette vérité affirmée par l’histoire : que les corps ne sont jamais plus exclusifs qu’aux jours où ils sentent leur pouvoir ébranlé.

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YMAGERIE, s. f. — Voyez Sculpture.

YRAIGNE, s. f. (vieux mot). Panneau de fil de fer. Voyez Grillage.

YRE, s. f. (vieux mot). Cour, aire.