Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/146

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I

IMAGE, s. f. (ymage, imaige). On donnait ce nom, pendant le moyen âge, à toute représentation sculptée ou peinte qui décorait l’extérieur ou l’intérieur des monuments et des habitations privées. Une suite de ces images sur un portail, autour d’un chœur, s’appelait ymagerie, et l’on désignait sous la dénomination d’ymagiers les artistes peintres ou sculpteurs chargés d’exécuter ces représentations fréquentes. Mais nous n’avons à nous occuper ici que des images meubles, de celles qui, comme nos tableaux ou nos œuvres de sculptures transportables, sont disposées dans les intérieurs d’églises ou d’appartements, sur des meubles, ou appendues aux murailles. Ces images meublantes étaient, le plus souvent, dans les appartements, enfermées dans des sortes de petites armoires dont les vantaux étaient décorés de peintures ou même de sculptures. Dans les chambres à coucher, par exemple, il y avait toujours une image de la Vierge ou de Notre-Seigneur, ou du patron de l’habitant. Les vantaux qui la cachaient ne s’ouvraient qu’au moment de la prière du matin ou du soir, ou lors de quelque solennité de famille. Les musées et les collections particulières renferment un grand nombre de ces images, mais appartenant presque toutes aux XVe et XVIe siècles, alors que l’intérieur des appartements était, même chez les petits bourgeois, décoré avec un certain luxe. Le musée de Cluny, à Paris, possède, entre autres, deux images à volets, que nous donnons ici (fig. 1 et 2). La première représente une Vierge avec l’enfant Jésus, surmontée d’un dais ; sa disposition générale est assez adroitement combinée. La seconde représente la sainte Trinité dans le panneau du milieu ; deux anges, sculptés dans les panneaux des volets, jouent des instruments de musique. On lit, dans le livre ouvert sur les genoux du Père et du Fils : « Ego sum via, veritas et vita. » Dieu le Père, ainsi qu’il était d’usage parmi les imagiers du XVe siècle, est représenté en pape, la tiare à triple couronne sur la tête. Le Fils n’est vêtu que d’un manteau. Derrière cette image, on lit l’inscription suivante :

A seur Perrette
Dobray et luy feut doñcee
L’an MVXLII au moy de
décembre par ses frères et seur