Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 1.djvu/90

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page n’a pas pu être entièrement corrigé, à cause d’un problème décrit en page de discussion.
[ COFFRET ]
— 76 —

cœur et la lettre de Raoul de Coucy destinés à la dame de Fayel, et rapportés par son écuyer Gobert, de Brindes en France.

Le châtelain de Coucy, sentant sa mort prochaine,

« … fist aporter
« Un des coffres de ses sonmiers
« Ouquel estoit li trésors chiers
« Des tresches (tresses) qu’il véoit souvent.
« Un coffre petitet d’argent
« En a trait et puis l’a baizié,
« Ouvert l’a, si a fors sachié
« Les tresches qui sambloient d’or[1].
« … »

Les trésors des cathédrales, des églises, les musées, conservent encore un grand nombre de ces petits meubles, exécutés en général avec beaucoup de soin et de recherche. Un des plus beaux et des plus anciens coffrets que nous connaissions faisait partie de la collection de M. le prince Soltykoff[2]. Ce coffret est d’ivoire bordé de lames de cuivre doré finement gravées ; il a 32 centimètres de long sur 19 de large et 10 de hauteur. En voici (fig. 1) l’ensemble : il nous paraît appartenir au Xe siècle, il est intact, sauf la serrure, la clef et l’anse, qui ont été refaites au XVe siècle. Les dessins dont il est orné sur ses quatre faces et le couvercle représentent des animaux dans des entrelacs, biches becquetées par des aigles, daims,

  1. L’Hist. du châtelain de Coucy et de la dame de Fayel, vers 7607 et suiv., édit. de
    Crapelet, 1829.
  2. Nous devons encore à l’obligeance de M le prince Soltykoff d’avoir pu dessiner ce précieux meuble.