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les auteurs cités par Sauval, Honorius[1] indique que cette chape était attachée comme un étendard.

On sait aussi que, depuis les rois carlovingiens, il était porté aux armées, dans les circonstances les plus graves, l’étendard appelé oriflamme, oriflambe, lequel était composé d’une étoffe de cendal rouge brodée de flammes d’or. Cet étendard est encore mentionné

dans l’inventaire du trésor de Saint-Denis par les commissaires de la chambre des comptes en 1534[2]. C’était alors « un étendard d’un cendal fort épais, fendu par le milieu (c’est-à-dire à deux queues), en façon d’un gonfanon, fort caduque, enveloppé autour d’un bâton couvert d’un cuivre doré, et un fer longuet aigu au bout. » Dans le manuscrit de Froissart de la Bibliothèque nationale, qui date du milieu du xve siècle, l’oriflamme est représentée conformément à la figure 1. Outre les flammes brodées sur l’étoffe rouge, il porte la devise : Montjoie Saint-Denis. Mais tous les auteurs antérieurs à cette époque sont d’accord pour déclarer que l’oriflamme ne portait aucune broderie autre que les flammes d’or ; encore n’est-il pas certain qu’il ne fût simplement rouge dans l’origine. « Quant au roi, dit Guillaume le Breton[3] il lui suffit de faire voltiger légèrement dans les airs sa bannière, faite d’un simple tissu de soie d’un rouge éclatant, et semblable en tout point aux bannières dont on a coutume de se servir pour les processions de l’Église en de certains jours fixés par l’usage. Cette bannière est vulgairement appe-

  1. Honorius Augustodunensis, in Speculo Ecclesix, sermone de Martino episcopo.
  2. Dom Doublet, Sauval.
  3. Philippide, chant XI (commencement du xiiie siècle).