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blesser le visage sous l’effort d’un coup violent. Mais il fallait que ce camail prit bien la tête et ne fût pas facilement dérangé par le frottement du heaume. Pour obtenir ce résultat, on le bridait autour du crâne, à l’aide d’une lanière de cuir qui passait dans les maillons et était nouée par derrière (fig. 2[1]).

Cette lanière de cuir, au lieu de faire le tour de la tête horizontalement, s’attachait aussi à une patte latérale à l’ouverture du camail, et, passant dans

les maillons du front, descendait se Uxer de l’autre côté, le long de la joue (fig. 2 bis[2]). On voit, le long de la joue droite, la patte relevée par la lanière, et qui permettait, en serrant plus ou moins celle-ci, de brider le camail autour du visage.

Il serait assez difficile de connaître l’origine de ce vêtement militaire de tête et de cou. On ne saurait prétendre qu’il ait été introduit en Occident à la suite des croisades, puisque nous le voyons adopté dès l’époque carlovingienne. Mais il ne paraît guère douteux non plus qu’il ait été imité d’un vêtement oriental, ou qu’il appartînt aux populations du Nord, originaires de l’Asie septentrionale.

  1. Manuscr. Biblioth. nation., Roman du saint Graal. français (xiiie siècle). Voyez aussi la statue de Guillaume Longue-Épée (1227), cathédr. de Salisbury.
  2. Statue du commencement du xiiie siècle, dite de Robert, duc de Normandie. cathédr. de Gloucester. — Statue dans l’église Saint-Martin de Laon.