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posés sur la tête d'hommes d'armes montant à l’assaut (fig. 9[1]). Ces coiffures, qui donnent évidemment l’origine du morion du xvie siècle, sont portées par des fantassins ; mais il semble aussi que les hommes d’armes les mettaient pour combattre à pied, ce qu’on faisait souvent à cette époque. En A, on voit comment ce chapel formait un véritable toit, les parois latérales de l’avantail couvrant le bord supérieur des hautes spallières inclinées. Ainsi les projectiles lancés de haut en bas glissaient-ils sur ce triangle de fer. Le bacinet, plus lourd, plus gênant, ne permettant que difficilement de tourner la tête, ne convenait que pour charger à cheval, tandis que la salade et le chapel étaient de bonnes coiffures pour le combat à pied. Aussi les hommes d’armes bien équipés avaient-ils, depuis le règne de Charles v jusqu’à la fin du règne de Charles viii, trois sortes d’habillements de tête : le bacinet, ou, avec l’armure blanche, à dater de 1430, l’armet, la salade et le chapel de Montauban ; car alors on ne portait plus guère le heaume que dans les tournois, et est-il fait mention du chapel de fer dans les combats singuliers : « Quand les deux champions furent prests, ils issirent hors de leurs pavillons. Et estoit le chevalier du pas armé ainsi comme toujours avoit accoutumé, sans avoir harnas en sa jambe dextre. Et celuy Pitois avoit un harnas de teste qui n’estoit ni bacinet ni salade, mais estoit fait à la semblance et manière d’un capel de fer forgé et approprié pour ce faire, et avoit une haute bavière, tellement que de son viaire il n’apparoist que les yeux ; et, pardessus son harnas avoit vestu sa cotte d’armes ; lesquelles estoient écartelées, le premier quartier d’azur à une croix d’or ancrée, le second quartier lozangé d’or et d’azur[2]. »


CHAUSSES, s. f. (chauces, chauches), habillement de mailles pour les jambes.

Après sarma Robers, li dus de Normendie.
Il a lachié ses cauches, la maile en est treslie :
Tost isnelement a sa broigne vestie,
Et lacha .1. vert elme, qui fu fais à Pavie[3].


Lor chauces lor lacha Antiaumes et Morans[4].

  1. Manuscr. Biblioth. nation., Boccace, français (1420 environ).
  2. Chron. de J. de Lalain, par G. Chastelain (Choix de chron. et mém. sur l’hist. de France, Buchou, p. 687).
  3. La Conquête de Jérusalem, chant vii, vers 7246 et suiv., publ. par C. Hippeau.
  4. Ibid, vers 7310.