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[ ÉPÉE ]
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donnée la section de la lame et d’un fourreau, figuré en B. Cette façon de fourreau se retrouve dans des tombes d’une époque beaucoup plus reculée, attribuées à des guerriers gaulois[1].

Il paraîtrait que les Gaulois établis au nord de l’Italie portaient aussi le parazonium, car on ne saurait donner un autre nom à l’arme que représente la figure 3, et qui a été trouvée dans une tombe gallo-italique près de Sesto-Calende, en 1867[2]. Cette arme de main est entièrement de fer, lame et poignée. Quant au fourreau A, il est fabriqué de feuilles de bronze très-minces, orlées et rivées. Cette tombe renfermait deux enémides ou jambières de bronze, et un casque bombé à bord saillant et égal, de bronze aussi ; le tout très-mince ; un long fer de javelot et, une pointe de flèche de fer.

L’épée provenant de la tombe de Childéric[3] et que reproduit la figure 4, est cependant d’une dimension très-médiocre : sa lame n’avait guère que 48 centimètres, si toutefois le fourreau actuel, dont les ornements seuls sont anciens, a été reproduit suivant la longueur primitive, ce qui peut faire l’objet d’un doute. Les frettes de ce fourreau sont d’or, sertissant de petites lames de verre purpurin posées sur un paillon d’or. La poignée de bois est revêtue d’une mince lame d’or, maintenue par quatre vergettes d’or. Le pommeau, qui a été brisé et dont il ne reste plus que le fragment A, formait béquille. En B, est tracée la plaque du bout du fourreau. Ces détails sont présentés moitié de l’exécution[4]. Mais cette arme de luxe ne peut donner qu’un renseignement très-vague sur la forme des épées adoptée par les grands personnages de l’époque mérovingienne, d’autant que la lame n’existe plus. Il en est autrement si l’on entre dans la période carlovingienne.

La mosaïque qui représentait Charlemagne dans la tribune de l’ancienne église de Sainte-Susanne à Rome, bâtie vers l’année 797, donnait à ce prince une longue épée[5].

Les vignettes des manuscrits des viiie et ixe siècle montrent habituellement les hauts personnages armés de longues épées. M. le comte de Nieuwerkerke possédait, dans sa belle collection d’armes du moyen âge, une admirable épée de l’époque carlovingienne que

  1. Les fouilles d’Alesia ont fait découvrir quelques-uns de ces fourreaux ; d’autres, analogues, ont été découverts dans les habitations lacustres du lac de Bienne.
  2. Musée archéol. de l’Académie de Milan.
  3. Musée du Louvre.
  4. Voyez, dans l’Hist. des arts et industr. au moyen âge, la description que M. Labarte donne de cette épée (tome I, p. 447 et suiv.).
  5. Voyez Ciampini, Vetera monumenta, secunda pars, cap. xxiv.