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[ ÉPÉE ]
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La lame est forte, lourde, à section quadrangulaire (voyez en A). Nous donnons en B le profil du pommeau, et en C le détail d’un des quillons.

La figure 21 présente une belle épée du même temps, mais beaucoup plus riche[1]. La lame est rectangulaire au talon, avec fine cannelure (voyez en A), puis passe à la section tracée en B. Sur les champs a étaient gravées des inscriptions effacées presque entièrement. Les quillons de fer, d’une extrême délicatesse de forge, sont reproduits en C. L’un des bouts est droit, l’autre chantourné. Le pommeau est montré renversé en E, aux deux tiers de l’exécution. La poignée, qui pouvait être saisie des deux mains, est de bois sur la soie, revêtue d’un fil de chanvre et de soie, ce dernier mêlé d’or. Le fil de chanvre est en travers, le fil de soie en long. En D, est donnée la gravure de fabrique, apparente sur la lame. Est-ce un lion, un cheval ou un sanglier ?

Cette belle arme, dont l’alemelle est d’une trempe excellente, date des premières années du règne de Louis XI. L’acier de ces épées du milieu du xve siècle est sombre et prend un beau poli. Ces lames, grâce aux nerfs uniques ou doubles, sont roides et permettaient de pointer sans faire ployer sensiblement l’arme.

On se servait aussi, vers le milieu du xve siècle, d’épées qui pouvaient être employées, soit pour combattre, soit pour la chasse, en guise d’épieu. Voici une jolie épée de ce genre (fig. 22)[2]. La poignée peut être saisie des deux mains ; elle est revêtue de peau sur fil de chanvre. Le pommeau d’acier, en forme de poire (voyez en A) reçoit un petit évidement qui pouvait renfermer une relique. La lame, très finement travaillée, est rectangulaire, concave sur ses deux grandes faces jusqu’à la moitié de l’arme ; là elle passe au losange (voyez les sections B sur bc et D sur de, moitié de l’exécution). En F, est percé un trou rectangulaire destiné à recevoir une traverse ou fausse garde, quand on voulait se servir de l’arme comme d’un épieu. En G, est tracé le bout d’un des quillons.

On voit que les lames d’épées du xve siècle sont rarement évidées, puisque, parmi les exemples que nous venons de donner, la figure 21 seule présente cette particularité. Cependant le musée d’artillerie de Paris possède une épée de 1450, dont la lame rappelle la forme de celles du xiiie siècle siècle, seulement la cannelure est plus étroite et plus creuse.

v. — 50
  1. De la même collection.
  2. De l'ancienne collect. de M. le comte de Nieuwerkerke.