Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 5.djvu/436

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
[ ÉPÉE ]
— 400 —

Voici donc un exemple de ces épées à deux mains pour fantassins (fig. 25[1]), qui date de la fin du xve siècle. La longueur totale de l’arme est de 1m,65.

Les tranchants de la lame sont ondes, afin d’arracher les pièces d’armures, de blesser plus dangereusement hommes et chevaux. A 19 centimètres de la garde est une fausse garde, forgée avec la lame, destinée à arrêter les coups d’épée de l’ennemi. En A, est donnée la section de la lame au talon, et en B au taillant sur ab. Cette section est plus forte près de la pointe que près de la fausse garde, ce qui augmentait la puissance des coups de taille. En D, est trace le détail d’une des contre-gardes. La poignée est nécessairement très-longue, car il fallait que les mains fussent assez distantes l’une de l’autre pour manœuvrer une barre de fer aussi lourde. Il est de ces lames qui ont jusqu’à cinq pieds et plus de longueur (1m,35). Elles sont habituellement d’une excellente fabrication et bien montées. L’intervalle entre la garde et la fausse garde était garni de peau, afin de permettre de porter la main droite sur ce point pour retenir le fouet de la lame ou fournir un coup droit.

Le musée d’artillerie de Paris possède une de ces épées qui est fort belle et qui date des dernières années du xve siècle. C’est une épée de parement, dont la poignée est revêtue d’un cuir avec fleurs de lis et L couronnées dorées, quillons et pommeaux à jour et dorés, lame damasquinée.

A propos des épées de parement, nous ne devons pas omettre de mentionner la belle épée de connétable que possède également le musée d’artillerie de Paris. Bien que cette arme de cérémonie appartienne à la fin du xve siècle, elle conserve la forme traditionnelle des épées de la fin du xive siècle. Sa lame est gravée d’un semis de fleurs de lis près du talon et dans un cercle vers le milieu du fer. Les quillons et le pommeau sont également semés de fleurs de lis en relief plat, obtenu par la gravure et le champlevage du fond. Le tout était doré, sauf l’acier lisse de la lame. La poignée est couverte de cuir. La figure 26 présente : en A, l’ensemble de l’arme ; en B, le profil de la poignée ; en C, le fourreau, recouvert de cuir, avec chappes et frettes de laiton doré et semis de fleurs de lis en relief ; en D, une des fleurs de lis du fourreau, grandeur d’exécution ; et en E, le bout d’un des quillons, de même, grandeur d’exécution. Les rives du pommeau et de la garde sont aussi semées de fleurs de lis. En F, est le détail de l’assemblage des frettes f sur le fourreau.

  1. De l’ancien musée de Pierrefonds.