Page:Viollet-le-Duc - Dictionnaire raisonné du mobilier français de l'époque carlovingienne à la Renaissance (1873-1874), tome 5.djvu/466

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FLÈCHE, s. f. (boujon, flesse, sajette, saete, paonnet, barbillons.) Dans l'article Arc, nous avons dit quelques mots relativement à la dimension donnée aux flèches pendant le moyen âge.

Ces flèches sont d’autant plus courtes, en règle générale, que l’arc a plus de rigidité et est plus dur à bander. Car, pour que le tir de la flèche soit assuré, il faut que le fer, lorsque la corde est bandée, atteigne presque la poignée de l’arc ; donc, plus l’arc est long et souple, plus la corde bandée donne un angle aigu, et plus est longue la distance entre la main droite et la main gauche. C’est pourquoi les arcs dits turcois (voy. Arc, fig. 3 bis et 6), qui étaient très-durs à bander et petits, ne pouvaient envoyer que des flèches courtes, tandis que l’arc anglais, qui était grand et souple, envoyait des flèches longues. Il est certain que la longueur de la flèche était une des causes de la justesse du tir.

Le bois des flèches était ordinairement fait de pin, de mélèze et de frêne ; on choisissait des brins à fils serrés et réguliers, car il fallait que la flèche conservât la ligne droite et ne fût pas lourde. Le poids du bois dépendait d’ailleurs du poids du fer, car, pour qu’une flèche fournît la plus longue course possible et arrivât au but normalement, il fallait que son centre de gravité fût placé au milieu de sa longueur. Aussi les bois des flèches bien fabriqués sont-ils légèrement renflés vers leur milieu, étant formés ainsi de deux cylindres coniques et tronqués, se dirigeant d’une base commune vers la pointe et vers l’encoche. Celle-ci doit être profonde et largement ouverte, mais l’entaille donnant deux côtés légèrement fermés.

La flèche se compose du bois, du fer et de l’empenne.

Les fers de flèches d’une haute antiquité sont nombreux dans les divers musées de l’Europe. Les plus anciens sont, comme chacun sait, de silex, plus ou moins bien taillés et fixés au moyen d’une petite soie réservée entre les deux ailes. Nous n’avons pas à nous