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delles, le jaque brodé, avec manches d'étoffe rembourrées aux épaules, les chausses de peau ou de gros drap, le carquois en verrou derrière l’épaule droite, l’épée au côté gauche, l’arc dont la corde est passée sous l’épaule droite, et à la main gauche l’arme qu’on appelle vouge (voyez ce mot). Son arc n’est pas si grand que celui de l’archer anglais, dont la figure 8 donne l’équipement à la même époque[1]. Cet arc distendu aurait de 1m,90 à 2 mètres de longueur. Son bois est mince ; la flèche a près d’un mètre de longueur. L’homme est coiffé de la cervelière, vêtu de la cotte de mailles à manches courtes avec jaque par-dessus, de manches, de hauts-de-chausses de drap et de bottes molles. Une longue épée pend à son côté gauche, et sa trousse est attachée à sa ceinture derrière son dos ; les flèches présentent leurs extrémités empennées sous la main droite. Quand l’archer voulait obtenir un tir rapide, il plaçait les flèches sous son pied gauche, de manière à les pouvoir saisir de la main droite sans détourner les yeux du but, ce qui est un point important si l’on veut tirer juste et rapidement.

Plus tard, l’équipement des archers se complète de plates, de genouillères, de grèves, et la cervelière possède un large couvre-nuque.

C’est ainsi qu’est armé le franc-archer à cheval de Charles xvii. Sa tête est couverte d’une large salade avec ou sans bavière et couvre-nuque très-saillant. Il est vêtu (fig. 9[2]) de la brigantine avec hautes manches et sous-gorgerin de mailles, cubitières, arrière-bras et avant-bras de fer. Sous la brigantine apparaît la jaquette de mailles, qui couvre le haut des cuisses garnies de cuissards. Les jambes sont armées de grèves avec genouillères, les pieds de solerets et d’éperons. Une épée pend à son côté gauche, attachée à la taille par une mince courroie. La figure 10 montre le même archer à cheval. Par derrière, la trousse consistait en un sac de toile ouvert par les deux bouts, mais avec ligature et coulisse au bord antérieur. Les fers étaient libres et les empennes prises dans la toile. L’archer prenait la flèche par le fer ; la ligature inférieure étant à nœud coulant attachée à la ceinture, dès qu’une flèche était enlevée de la trousse, il suffisait de peser légèrement sur cette ligature pour que les sagettes qui restaient fussent toujours serrées. Une boucle attachée au haut du sac passait dans une agrafe tenant au dos de la brigantine et empêchait la trousse de basculer. Plus le cavalier faisait de

  1. Même manuscrit.
  2. Manuscr. Biblioth. nation., milieu du xve siècle, Passages d’outre-mer.