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tulaire ; en F la sacristie ; en E une petite chapelle dédiée à saint Antonin ; en G le réfectoire. Les bâtiments indiqués en gris sont du dernier siècle. Toutes ces constructions sont en brique, exécutées avec un grand soin et couvertes à l’intérieur de peintures qui datent des XIIIe et XIVe siècles[1]. Alors les frères prêcheurs s’étaient fort éloignés, dans leurs constructions du moins, de l’humilité recommandée par leur fondateur (Voy. Cloître, Chapelle, Église, Réfectoire).

De fondation ancienne[2], l’ordre des frères Ermites de Saint-Augustin n’avait acquis qu’une faible influence jusqu’à l’institution des ordres mendiants, mais alors il prit un grand développement et fut spécialement protégé par les rois de France pendant les XIIIe, XIVe et XVe siècles. Cependant les établissements des frères augustins conservèrent longtemps leur caractère de simplicité primitive ; leurs églises étaient presque toujours, ou composées d’une seule nef, ou d’une nef avec deux bas côtés, mais sans transsept, sans chapelles rayonnantes, sans tours : ainsi étaient disposées les églises des grands augustins à Paris. Voici (24 ter) le monastère des frères augustins de Sainte-Marie des Vaux-Verts près Bruxelles[3], qui nous offre un exemple parfaitement complet de ces établissements de frères

  1. Ce beau monastère, fort mutilé aujourd’hui, est occupé par un quartier d’artillerie ; l’église a été divisée en étages, les beaux meneaux en pierre des fenêtres sont détruits depuis quelques années. Des écuries sont disposées dans le cloître et dans la jolie chapelle peinte de Saint-Antonin. Parmi ces peintures il en est de fort remarquables, et qui ne le cèdent en rien aux peintures italiennes de cette époque ; mais elles s’altérèrent davantage chaque jour. Les colonnes et chapiteaux du grand cloître sont en marbre gris des Pyrénées.
  2. « Edit enim S. Augustinus dignitate major beato Francisco, sed et aliquot seculis antiquior… Lesdicts frères Hermites de l’ordre de Sainct-Augustin ont eu trois diverses maisons à Paris. Premièrement ils ont demeuré en la rue dicte encore aujourd’hui des Vieux-Augustins… Leur esglise estoit la chapelle Saincte-Marie-Égyptienne, près la porte Montmartre, laquelle pour lors hors la ville, avoit esté rebastie aux despens, et à la poursuitte d’un marchand drapier de Paris… Secondement ils ont demeuré auprès la porte Sainct-Victor, en un lieu vague incult, et remply de chardons, qui pour cela s’appeloit Cardinelum à carduis, et s’estendoit depuis ladicte porte, jusques en la rue de Bièvre, où l’esglise Sainct-Nicolas enclose retient ce surnom de Chardonnet… En l’année 1286, le roi Philippe le Bel concéda aux augustins l’usage des murailles et tournelles de la ville : deffendant à toutes personnes d’y passer, ny demeurer sans leur congé. Mais voyants qu’en tel lieu ils ne pouvoient commodément vivre, pour le peu d’aumosnes qu’on leur faisoit : du consentement dudict roy et de l’évesque de Paris, Simon Matiphas de Bucy, ils vendirent ce qu’ils avoient acquis au Chardonnet, et s’en vindrent tenir au lieu où ils sont de présent : que leur cédèrent les frères de la pénitence de Jésus-Christ, dicts en latin Saccarii, et en françois Sachets… » (Du Breul, Théol. des antiq. de Paris, liv. II.)
  3. « Monaster. B. Mariæ-Viridis-Vallis, vulgo Grœnendæl, ordo can. reg. S. P. August. Congreg. Windesemensis in silva Zoniæ prope Bruxellas situatum. » (Castella et Prætoria nobil. Brabantiæ, Cænobiaque celeb. ad viv. delin., ex museo Jac. Baronis Le Roy. Antverpiæ, 1696.)