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dans les enceintes des villes toutes les tours étant fermées à la gorge en D, lorsque l’assaillant avait fait un trou en A ou fait tomber la demi-circonférence extérieure de la tour, il n’était pas dans la ville, et trouvait de nouvelles difficultés à vaincre, c’est pourquoi dans les siéges des places on s’attaquait de préférence aux courtines, quoique les approches en fussent plus difficiles que celles des tours (23) ;

l’assiégeant, arrivé au point A après avoir détruit les défenses supérieures des tours B C, et fait son trou ou sa brèche, était dans la ville, à moins, ce qui arrivait souvent, que les assiégés n’eussent élevé promptement un second mur E F ; mais il était rare que ces défenses provisoires pussent tenir longtemps. Toutefois, dans les siéges bien dirigés, l’assaillant faisait toujours plusieurs attaques simultanées, les unes au moyen de la mine, d’autres par la sape, d’autres enfin (et celles-là étaient les plus terribles) au moyen des beffrois roulants ; car une fois le beffroi amené le long des murailles, la réussite de l’assaut n’était pas douteuse. Mais pour pouvoir amener sans risquer de les voir brûler par les assiégés, ces tours de bois contre le parapet, il fallait détruire les hourds ou crêtes des courtines et tours voisines, ce qui exigeait l’emploi de nombreux engins et beaucoup de temps. Il fallait combler solidement les fossés, s’être assuré, lorsque le fossé était sec, que l’assiégé n’avait pas miné le fond de ce fossé sous le point où la tour était dirigée, ce qu’il ne manquait pas de tenter, lorsque la nature du sol ne s’y opposait pas.

À la fin du XIIIe siècle déjà, on avait senti la nécessité, pour mieux battre les courtines, non-seulement d’augmenter le diamètre des tours, et de rendre par conséquent la destruction de leurs défenses supérieures plus longue et plus difficile, mais encore d’augmenter leurs flancs en les terminant à l’extérieur par un bec saillant qui leur donnait déjà la forme d’une corne (24). Ce bec A avait plusieurs avantages : 1o il augmentait considérablement la force de résistance de la maçonnerie de la tour au point où on pouvait tenter de la battre avec le mouton ou de la saper ; 2o il défendait mieux les courtines en étendant les flancs des hourds B C qui se trouvaient ainsi se rapprocher d’une ligne perpendiculaire aux remparts (voy. Tour) ; 3o en éloignant les pionniers, il permettait aux défenseurs placés dans les hourds des courtines en D, de les découvrir suivant un angle beaucoup