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comme une fosse de latrines, que l’espèce de puits à plan carré qui les compose est percé à peu près à mi-hauteur d’une porte qui semble être la voie d’extraction des matières, à moins d’admettre que cette porte n’ait été pratiquée pour voir si le condamné était bien mort. Quant aux oubliettes de la Bastille, elles pourraient passer pour une glacière. En voici la coupe (1). Elles consistaient en une salle voûtée à six pans, située dans le soubassement d’une des tours, à laquelle on n’arrivait que par une petite porte communiquant à l’escalier à vis ; tout autour de cette salle était un trottoir d’un mètre de large, et au milieu un cône renversé terminé par un petit orifice destiné à entraîner les eaux. Il est certain qu’un malheureux descendu dans le fond de cet entonnoir ne pouvait ni s’asseoir, ni se coucher, ni se tenir debout. Il faudrait admettre que le petit canal était une vidange, et que les gens qu’on descendait dans ce cul de basse-fosse étaient placés là pour leur donner le loisir de faire des réflexions. C’était une sorte de question prolongée. Mais ce cône peut bien être une glacière, et ce ne serait pas le seul exemple d’un magasin de glace existant dans un château. Nos ancêtres aimaient à boire frais, le petit canal inférieur est alors bien expliqué. Quant aux oubliettes du château de Pierrefonds, on ne peut douter de leur destination ; en voici la coupe (2). Elles consistent en un puits creusé au milieu d’une salle qui était certainement un cachot, puisqu’il contient dans une niche un siège d’aisances.

On ne peut même descendre dans ce cachot que par un orifice A percé au centre de sa voûte.