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Page:Viollet-le-Duc - La Cité de Carcassonne, 1888.djvu/25

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DESCRIPTION DES DÉFENSES.

de points d’appui aux chevrons de l’auvent et le quatrième à 0m,60 en avant. Là était établi le plancher du deuxième mâchicoulis. Une cinquième entaille, faite entre les deux dernières et un peu au-dessus, servait de garde pour recevoir le madrier mobile destiné à protéger les assiégés contre les projectiles lancés du dehors de bas en haut et maintenait, par un système de décharges, tout cet étage supérieur en l’empêchant de basculer. On ne pouvait communiquer des tours à ces mâchicoulis extérieurs que par une ouverture pratiquée au deuxième étage et par des échelles, de façon à isoler ces mâchicoulis dans le cas où les assaillants s’en seraient emparés. Ces ouvrages de bois étaient protégés par des mantelets percés de meurtrières. L’assaillant, pour pouvoir s’approcher de la première herse, devait donc affronter une pluie de traits et les projectiles jetés de trois mâchicoulis, deux posés en temps de guerre et un dernier tenant à la construction elle-même. Ce n’est pas tout : le sommet des tours était garni de hourds en charpente que l’on posait également en temps de guerre[1]. Les trous destinés au passage des solives en bascule qui supportaient ces hourds sont tous intacts et disposés de telle sorte que, du dedans, on pouvait, en très-peu de temps, établir ces ouvrages de bois dont la couverture se reliait à celle des combles à demeure. En effet, on conçoit facilement qu’avec le système de créneaux et de meurtrières pratiqués dans les couronnements de pierre, il était impossible d’empêcher des assaillants nombreux et hardis, protégés par des pavois et même par des chats (sortes de chariots recouverts de madriers et de peaux) de saper le

  1. On a vu que le sénéchal Guillaume des Ormes se félicite d’avoir pu reprendre le faubourg de Graveillant, dans lequel se trouvait une provision de bois qui fut très-utile aux assiégés.