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DESCRIPTION DES DÉFENSES.

des défenses. Or il était difficile de se loger et de saper sous ces hourds puissants qui vomissaient des projectiles. La mine n’était guère efficace ici, car toutes les murailles et tours sont assises sur le roc.

On ne doit pas être surpris si, dans ces temps éloignés de nous, certains sièges se prolongeaient indéfiniment. La cité de Carcassonne était, à la fin du xiiie siècle, avec sa double enceinte et les dispositions ingénieuses de la défense, une place imprenable qu’on ne pouvait réduire que par la famine, et encore eût-il fallu, pour la bloquer, une armée nombreuse, car il était aisé à la garnison de garder les bords de l’Aude, au moyen de la grande barbacane (no 8 du plan, fig. 16) qui permettait de faire des sorties avec des forces imposantes et de culbuter les assiégeants dans le fleuve.

En examinant le plan général, nous voyons en bas de l’escarpement de la cité, devant les tours 11 et 12 à l’ouest, une muraille qui défendait le faubourg de la Barbacane. Cette muraille date du xiiie siècle, et elle fut certainement élevée pour empêcher l’ennemi de se loger, comme l’avait fait Trincavel, entre l’Aude et la cité. Cette muraille est à portée d’arbalète des tours 11, 12 et 40 et est commandée par celles-ci. Il était donc fort difficile d’arriver, en descendant la rive droite de l’Aude, jusqu’à la barbacane, malgré la garnison de la cité.

Les remparts et les tours présentent surtout un aspect formidable sur les points de l’enceinte où les approches sont relativement faciles, où des escarpements naturels ne viennent pas opposer un obstacle puissant à l’assaillant. Du côté du nord-est, de l’est et du sud, là où le plateau qui sert d’assiette à la cité est à peu près de plain-pied avec la campagne, de larges fossés protègent la première enceinte. Il