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HISTOIRE ET DESCRIPTION

avec un corps de troupes de Catalogne et d’Aragon. Il s’empare, sans se heurter à une sérieuse résistance, des châteaux de Montréal, des villes de Montolieu, de Saissac, de Limoux, d’Azillan, de Laurens et se présente devant Carcassonne.

Il existe deux récits du siège de Carcassonne entrepris par le jeune vicomte Raymond Trencavel en 1240, écrits par des témoins oculaires : celui de Guillaume de Puy-Laurens, Inquisiteur pour la Foi dans le pays de Toulouse, et celui du Sénéchal Guillaume des Ormes, qui tenait la ville pour le roi de France. Ce dernier récit est un rapport, sous forme de journal, adressé à la reine Blanche, mère de Louis IX.

Cette pièce importante nous explique toutes les dispositions de l’attaque et de la défense[1]. À l’époque de ce siège, les remparts de Carcassonne n’avaient ni l’étendue ni la force qui leur furent données depuis par Louis IX et Philippe le Hardi. Les restes encore très apparents de l’enceinte des Visigoths, réparée au xiie siècle, et les fouilles entreprises en ces derniers temps, permettent de tracer exactement les défenses existant au moment où le vicomte Raymond Trencavel prétendit les forcer.

Nous donnons ci-après (fig. 1) le plan de ces défenses, avec les Faubourgs y attenant, les Barbacanes et le cours de l’Aude.

L’armée de Trencavel investit la place le 17 septembre 1240, et s’empare du faubourg de Graveillant, qui est aussitôt repris par les assiégés. Ce faubourg, dit le Rapport, est ante portam Tolosæ. Or, la Porte de Toulouse n’est autre que la Porte dite de l’Aude aujourd’hui, laquelle est une construction romane percée dans un mur visigoth, et le faubourg de Graveillant ne peut être, par

  1. Le rapport du sénéchal Guillaume des Ormes, et le récit de Guillaume de Puy-Laurens ont été publiés et annotés par M.  Douët d’Arcq, dans la Bibliothèque de l’École des Chartes, 2e série, tome II, p. 363.