Page:Viollet-le-Duc - La Cité de Carcassonne, 1890.djvu/29

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
HISTOIRE ET DESCRIPTION

de défense autour de la Cité ; il fit raser les restes des faubourgs, débarrassa le terrain entre la Cité et le pont et fit élever toute « l’Enceinte Extérieure » que nous voyons aujourd’hui, afin de se couvrir de tous côtés et de prendre le temps d’améliorer les défenses intérieures.

Ayant pu constater la faiblesse des deux parties de l’enceinte sur lesquelles le Vicomte Raymond Trencavel avait, avec raison, porté ses deux principales attaques, c’est-à-dire l’extrémité Sud et la Porte Narbonnaise, il étendit l’ « Enceinte Extérieure » bien au delà de l’ancien saillant sud sur le plateau qui domine de ce côté un ravin aboutissant à l’Aude et vers la Porte Narbonnaise, à 30 mètres environ en dehors, enclavant ainsi dans les nouvelles défenses les deux points principaux de l’attaque de Trencavel (fig. 16, Plan général, p. 116).

Résolu à faire de la Cité de Carcassonne le boulevard de cette partie du domaine royal contre les entreprises des seigneurs hérétiques des provinces méridionales, Saint Louis ne voulut pas permettre aux habitants des anciens faubourgs de rebâtir leurs habitations dans le voisinage de la Cité. Sur les instances de l’Évêque Radulphe[1], après sept années d’exil, il consentit seulement à laisser ces malheureux proscrits s’établir de l’autre côté de l’Aude. Voici les lettres patentes de Saint Louis, expédiées à ce sujet[2] :

« Louis, par la grâce de Dieu, roy de France, à notre amé et féal Jean de Cravis, Séneschal de Carcassonne, salut et dilection. Nous vous mandons que vous recevez

  1. Le tombeau de cet Évêque est dans la petite Chapelle bâtie à l’extrémité du bras de croix sud de l’église de Saint-Nazaire (voir p. 106).
  2. Histoire des Antiques et Comtes de Carcassonne, G. Besse, citoyen de Carcassonne, Béziers, 1645. « Ces lettres, dit Besse, furent exécutées par le seneschal, pridie nonas Aprilis, c’est-à-dire le 4 avril 1247, et, avec l’acte de leur exécution, se trouvent avoir esté transcrites en langage du pays, dans le livre manuscrit des coutumes de Carcassonne. »