Page:Viollis - Criquet, 1913.djvu/112

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
100
criquet

plein de roses plus belles qu’il n’en pousse par ici, pour sûr !… Le monsieur qui habite à la Négraie était à l’espérer sur le chemin… Quand il l’a vue, il a fait l’innocent, comme quelqu’un qui se promènerait par là, sans penser. Ah bien ! Il en a du vice !…

Elle riait en se dandinant et en se grattant à travers la manche décousue de son caraco.

— C’est monsieur d’Ailly ? demanda Criquet, perplexe.

— Je ne sais pas s’il s’appelle d’Ailly mais il est bien aimable à voir avec sa figure de Jésus, ses moustaches de gendarme et son beau costume blanc. Celui qui le blanchit ne plaint pas son savon ! Mademoiselle Suzanne, de même, avait une robe blanche ; à eux deux, ça faisait la paire… Pour de juste, elle est gentille aussi… et rose, et grasse… Quand on n’a qu’à manger et à s’attifer… !

— Vous aimeriez être une dame, Jeanne-Marie ?

— Pour sûr !…

— Mieux que d’être un homme ?

— Pour sûr ! Les hommes, même les messieurs, ça a toujours plus de mal…

« Elle dit comme la mère Sainte », songeait Camille en s’éloignant.

— Si vous cherchez monsieur Jacques, cria la fille aux eaux grasses, il s’en est allé vers le bois de Ker-Bahu… Il ne faisait guère bon visage, le pauvre gars…