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grâce, les bras pendants, le dos rond, en s’efforçant de prendre une mine indifférente. La couturière la considérait avec regret.

— C’est drôle, fit-elle, en hochant la tête, mademoiselle Camille a beaucoup grandi ; j’aurais cru que sa taille se ferait davantage. Elle ne s’est pas faite du tout !

Elle étendit les doigts vers les hanches de Criquet, mais celle-ci fit un bond de côté :

— Ne me touchez pas ! Ça me chatouille !

For shame, Camille ! gronda miss Winnie.

Mademoiselle Petitemanche méditait :

— J’espérais que nous pourrions essayer un costume mi-long, avec blouse. Cela flatte les jeunes personnes de cet âge. Allons ! Il faudra se contenter encore cette fois de la robe droite. Cela ne vous contrarie pas trop, au moins, mademoiselle Camille ?

— Pas trop, répondit Criquet, d’un air sage.

Son cœur battait tumultueusement. Le matin même, elle avait choisi une bande de toile neuve plus large, l’avait longtemps roulée autour de son corps, puis serrée de toutes ses forces. La ruse avait réussi…

— Vous ferez la robe plus longue ? interrogea miss Winnie.

— La forme princesse pour fillettes se porte toujours très courte, objecta la couturière. Nous nous arrêtons même quelquefois au genou.