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par quelles belles pensées il traduisait sa vaillance ! Celle-ci, par exemple : « Les guerriers et les poètes sont la parure des nations. » Ou encore : « Il est beau de vivre pour sa patrie, plus beau de mourir pour elle ! » Et sur toutes les marges du dictionnaire, en haut en bas, à droite, à gauche, on trouvait ces mots fatidiques : « Excelsior ! Excelsior ! » inscrits en caractères appuyés et grimpants, ponctués de gigantesques points d’exclamation. Quelle superbe devise ! Cher Paul Bersier ! Il était sûrement grand, mince, avec des cheveux noirs en boucles et de larges prunelles… À présent il avait vingt ans, peut-être… Où était-il ? Que faisait-il ? Sans doute s’en allait-il à ses cours, une serviette de maroquin sous le bras, les yeux levés vers le ciel, le front grave, tout blanc, fermé sur de nobles et généreuses ambitions… Il deviendrait un grand homme, un héros plein de tendresse comme le chevalier d’Assas, comme Achille qui aimait son ami Patrocle. Ah ! être l’ami de Paul Bersier ! Si seulement elle le connaissait, elle oserait lui conter ses peines, lui demander conseil, il la comprendrait, il l’aiderait, lui… Tandis que Michel…

Camille se redresse brusquement puis, avec une plainte, porte ses deux mains à ses tempes. Une vague chaude s’enfle dans sa tête et bat contre les parois du crâne, violemment d’abord, puis à petits coups rythmés qui, peu à peu, se ralentissent et