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criquet

— Ça c’est vrai ! Savoir si j’en sortirai ?

— Mais oui, mais oui… Tu entreras à ton tour dans la Terre Promise.

Criquet s’accoude à la cheminée, les mains dans ses cheveux : « Pourquoi suis-je une fille ? Pourquoi est-ce moi, là, dans cette glace ? Comment est-ce que je sais que moi, c’est moi ? »

Il lui semble enfoncer dans des ténèbres maladives. Et personne ne répond aux questions mystérieuses. Seul un visage immobile et tiré la regarde avec des yeux inquiets.


On a sonné d’une main hésitante.

« M. Poiret, » se dit Criquet.

Des pas traînants, à la fois lourds et mous, traversent le vestibule.

Criquet bondit vers le coin de la chambre où se trouvent le lit et la table de nuit, tire vivement le rideau de serge verte qui les dissimulent, — « une jeune demoiselle ne doit jamais exhiber son lit », recommande sans cesse miss Winnie, — puis elle va ouvrir.

M. Poiret trébuche sur le tapis à l’entrée, avance le cou en clignant des yeux derrière son lorgnon aux verres arrondis, puis esquisse un mouvement de défense.

— Vous êtes seule, mademoiselle ?

— Oui, monsieur, miss Winnie était obligée de