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criquet

— Maladroite ! murmura cette dernière.

Et tout en époussetant la fourrure de ses doigts gantés elle ajouta, se tournant vers son mari :

— Quand on joue encore au cerceau à cet âge, on devrait au moins faire attention…

— Tu vois, grommela Michel, tu nous rends grotesques !

Persuadé qu’il était le point de mire de toutes les femmes, il avait pris pour lui le coup d’œil méprisant de la jolie promeneuse.

Camille rougissante, marchait lentement, appuyée sur son cerceau. Sa course lui avait donné des palpitations et ses jambes tremblaient, raides et alourdies. Oubliant qu’elle venait de passer plusieurs semaines au lit, elle se désolait :

— C’est fini, répétait-elle tout bas, je ne sais même plus courir ! Je suis vieille…

Elle inclinait la tête pour paraître moins grande, pliait un peu les genoux à cause de sa robe courte ; de temps à autre, elle avait un mouvement nerveux du coude, comme pour écarter l’attention. Si elle sentait qu’un promeneur allait la regarder, elle tournait brusquement la tête.

Quand un homme passait, elle enviait son air résolu, sa démarche alerte. Mais les femmes retenaient davantage son attention : elle s’étonnait de les voir, le visage plein, rose, satisfait, cingler sur le trottoir, la poitrine en proue, laissant des parfums en sillage.