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criquet

à la tempe les grosses dents neuves de la fillette, rit plus fort que les autres, une larme au coin de l’œil.

— … On les plante avec son nez !…

Un grand tapage ; un cercle de menus corps aplatis, des jambes noires qui frétillent, le bruit mou des nez qu’on « plante ». Tout à coup le gamin facétieux saisit la tête de ses deux voisins et la cogne à plusieurs reprises contre le parquet ; l’un — Ia fillette aux dents — rouge, gonflée de sanglots retenus, essuie sur sa lèvre une goutte de sang qui tache son petit mouchoir ; mais l’autre, le bébé aux yeux graves, se dresse, les bras écartés, la tête renversée, ferme les paupières, ouvre une bouche immense, grimaçante, tremblante, d’où ne sort encore qu’un son drôle de clapet. Marcel, en face de lui, le singe de façon ridicule ; une petite fille se précipite pour le consoler ; les autres enfants attendent, les mains près des oreilles.

Et les hurlements arrivent enfin, effroyables, perçants, ponctués de notes aiguës, de hoquets, de balbutiements et d’appels :

— Ah ! Ah ! Méchant… Maman ! Oh ! Oh ! Maman !…

— Capon ! Cafard ! marmotte entre ses dents Marcel.

Et pivotant sur un pied, il tourne le dos d’un air indifférent.

La porte du salon s’ouvre, des têtes se penchent, des exclamations se croisent, et un tourbillon de soie rose s’abat aux pieds du bébé :