— Non, bientôt quinze, fit Criquet d’une voix rapide,
Puis elle reprit :
— Oh ! ma taille !… Mais je suis très mince, vous savez ?… Seulement, c’est la bande…
— La bande ?
— Oui…
Camille baissa la tête, gratta un instant ses bottines — l’une sur l’autre, puis tout à coup, rejetant ses cheveux en arrière, dit résolument :
— Écoutez, monsieur, je vais vous confier ce que je n’ai jamais confié à personne ; parce que vous m’avez parlé quand J’étais toute seule dans mon coin et que vous avez l’air très bon… Si je parais si carrée, c’est à cause d’une longue bande de toile épaisse qui est roulée des tas de fois autour de ma taille : sans cela je serais mince, mince comme Jeanne là-bas… Voilà !
Les yeux du vieux monsieur brillaient de curiosité.
— Voilà, en effet ! dit-il. Maintenant vous allez m’expliquer, je pense, pourquoi cette bande ?
— … Pour des masses de raisons. Mais la principale, c’est que je ne voulais pas avoir l’air d’une fille.
— Comment ? À votre âge, d’ordinaire, on soupire après les jupes longues, les éventails, les coiffures compliquées, que sais-je ?
— Les autres, peut-être… Mais moi, oh ! j’aurais voulu, j’aurais tant voulu être un garçon !
Camille joignit les mains, tordit ses doigts qui