entre ses deux bras, la serre contre son ventre et passe sa langue sur la blessure.
— Aïe ! Aïe ! Aïe ! Rien de meilleur que la salive pour aseptiser, comme dit le docteur… Si seulement un chien pouvait me lécher !
Ça va mieux. Un mouchoir par là ? Pas bien frais, le mouchoir. Il est dans cette poche depuis dix mois avec une ficelle, une toupie, un croûton de pain beurré, des clous. Tant pis !… Trempons-le dans l’eau de mer, un bon bandage, et en route maintenant !
Elle se hisse hors de son trou avec quelques grimaces et en considère longuement le fond.
« C’est drôle, pense-t-elle en hochant la tête. Aux dernières vacances, j’ai sauté par là-dessus plus de cent fois. Allons, je suis engourdie, abrutie… En m’enlevant tout à l’heure, je me suis sentie lourde comme un canard… Est-ce que j’aurais engraissé ? »
Et Camille un peu troublée, un peu honteuse, s’en va tête basse, se palpant et boitillant.
La voici au bord de la grève. De la main elle abrite ses yeux et regarde du côté de la maison : une tache claire apparaît au ras d’une touffe d’ajoncs, puis une silhouette grise émerge de la dune et grandit.
— Michel ! Par ici, Michel !
Camille arrache son béret, agite les bras, saute tout échevelée, se baisse pour rattacher son bandage, ressaute et recrie. Puis, un peu calmée, elle regarde avancer son cousin.