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criquet

de velours rouge boutonné à grand’peine sur une poitrine exubérante et qui marchait en tenant son mouchoir à la main.

— Tiens, Clémence ! fit-elle.

La grosse fille appliqua aussitôt son mouchoir sur sa figure avec de petits reniflements et l’on vit trembler son chignon. Marie l’entraîna plus loin, et toutes deux se mirent à chuchoter avec animation.

Camille demeurait au milieu de l’allée. Une faible brise agitait les branches où les feuilles pointaient, semblables à des mains de nourrisson, frémissantes et ridées ; les arbres, au loin, se couronnaient de fumée blonde, le soleil s’allongeait tendrement sur les pelouses encore noires, rayées de tiges vertes ; l’air amolli vibrait de cris aigus de moineaux et de merles, de roucoulements de pigeons. Les pas sonnaient légèrement dans les allées ; les promeneurs chantonnaient en regardant le ciel gris et bleu. L’un d’eux tenait d’une main son chapeau melon, et de l’autre tirait au bout d’une laisse un petit bull aux yeux saillants, dont la langue pendait. Un chat qui errait au long d’un bosquet s’assit, et, rentrant dans sa fourrure, ferma les yeux avec jouissance.

Criquet envia le garçon pâtissier, assis sur sa corbeille renversée et qui lisait un journal en chauffant son dos blanc. Puis elle s’approcha d’un massif que bêchaient deux jardiniers. Ils avaient rejeté dans l’allée un gros tas de terre de bruyère emplie de fibres et de