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criquet

moi, je t’en prie, parle à ta petite fille que tu aimais, que tu portais dans tes bras !

Elle étreignait l’oreiller, le pressait contre ses lèvres, le couvrait de baisers, le baignait de larmes.

Son cœur éclatait enfin, son pauvre cœur gonflé de remords et de désespoir. Elle se roulait sur le lit, ses cheveux lui entraient dans la bouche, l’étouffaient, elle se meurtrissait contre le mur. Parfois, elle se taisait pour écouter… Alors c’était un affreux silence, pesant et mort, qui l’écrasait, et l’abominable pensée la rejetait sur l’oreiller, gémissante et tordue :

— Il n’a pas su combien je l’aimais ! Il ne le saura jamais.

Elle sanglotait encore désespérément quand la porte s’entr’ouvrit :

— Tu étais donc là, mon pauvre Criquet, dit Michel à voix basse. Je viens d’arriver, Je t’ai cherchée partout.

Elle se jeta dans ses bras avec toute sa douleur :

— Ah ! pleura-t-elle, tu as pensé à moi ! Tu es bon, Michel, tu es tout de même bon…