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criquet

d’argent rosé, les autres bêtes sans nom et presque sans forme, leurs pattes, leurs cornes et leurs moustaches qui bougeaient !…

— Quelle drôle de petite fée tu as toujours été, Camille, et comme tu contes de belles histoires ! dit Michel, lui serrant tendrement le bras.

Mais Criquet se dégagea :

— Petite fée ! fit-elle, moqueuse. Autrefois, tu m’appelais sale gosse quand je te parlais de mes bêtes… Tout de même, tu as raison : nous habitions alors un monde féerique… Que tout est devenu plat, ordinaire, ennuyeux !

— Je ne trouve pas… surtout quand je te vois !

— Oh ! Michel ! C’est à moi que tu dis ces bêtises ! À moi, ton vieil ami ? Il y a neuf ans que nous sommes amis ! Neuf ans… J’ai seize ans, toi dix-huit. Est-ce possible ? Que nous sommes vieux !

— Pas assez… Tiens, Camille, je ne sais pas ce que je donnerais pour avoir six ou sept ans de plus !

— Cela viendra, cela viendra… Moi, je n’y tiens guère.

Mais Criquet venait de pécher dans le tiroir un petit papier plié en quatre. Elle l’ouvrit, le lut, devint toute rose, rit, puis sautant sur ses pieds, fit quelques pas rapides en secouant la feuille.

— Qu’y a-t-il sur ce billet ? demanda Michel, les sourcils froncés.

— Rien.