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criquet

— Pardonne-moi, Camille… Tu sais bien que je ne voudrais pour rien au monde te chagriner…

Elle le regardait avec un air de souveraine.

— Bien, dit-elle. Va m’attendre dans l’antichambre.

Restée seule, elle eut un petit sourire ; elle venait de remporter sa première victoire féminine.

Dans la rue, Camille resta un instant interdite ; elle craignait de se voir tout à coup trahie, et s’imaginait que les passants, la dévisageaient insolemment. Puis, elle ne savait plus marcher avec un pantalon ; elle se trouvait serrée aux hanches ; ses jambes, habituées depuis quelques mois au frôlement de la jupe, n’avançaient plus qu’avec hésitation, et le vent, qui la frappait en arrière, lui donnait l’impression d’être nue. Elle avait un peu honte et se blottissait contre son cousin.

Michel avait pris son parti de l’aventure : il trouvait même cela très crâne ; cette Camille avait vraiment des idées comme personne ! Il était heureux de serrer contre le sien le bras fragile, flottant dans la manche trop large et dont il sentait la tiédeur. Elle lui apparaissait si petite dans ce costume, si menue, si enfant, il devinait si bien son désir et son besoin de protection qu’il n’éprouvait plus aucune timidité.

— Ça, un homme ? faisait-il en riant avec tendresse. Tout au plus un gosse de douze ans !