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criquet

— La mer ! C’est la mer… Nous ne sommes plus à Paris !

Elle essaie d’ouvrir les yeux : la chambre, avec ses murs blanchis à la chaux, est si éblouissante qu’on en ressent comme une brûlure. Alors, les paupières baissées et les dents à l’air, elle saisit l’extrémité de sa chemise de nuit, la pince des deux doigts, la déploie en écharpe, en banderoles, et du bout des orteils esquisse des pointes, des pirouettes et des entrechats sur le parquet de sapin brut. Puis, d’un vif mouvement d’épaules, elle laisse glisser sa chemise, s’approche du tub, avance le pied sur l’eau qui se ride, le retire avec un frisson, hésite, et enfin, les mains posées sur chaque bord, s’élève d’un bond pour retomber assise au fond du bassin avec un cri rauque.

Elle prend l’éponge, la presse sur sa nuque peureuse, tout en chantonnant d’une voix qui grelotte, la fait fuir en ruisselets d’eau glacée le long de son dos et de sa poitrine et s’amuse à voir sa peau se marbrer, se hérisser, devenir toute grenue comme celle d’une grosse mandarine.

Debout, maintenant ! Que le soleil est bon ! On dirait un autre bain soyeux, caressant, dans une eau légère qui vous enveloppe de tiédeur.

Et Criquet, les mains croisées derrière la tête, s’étire et s’attarde à la sensation délicieuse.

Un éclair de lumière, dans un angle, attire son regard :