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criquet

Michel parut, toujours en costume gris, un œillet rose à la boutonnière. Elle se précipita vers lui :

— Où vas-tu ? cria-t-elle.

Il ne parut pas enchanté de la voir.

— Au bourg, chercher des cigarettes, répondit-il.

Camille se souvint d’une plaisanterie de Jacques : « On va beaucoup fumer : elle est gentille, la petite du bureau de tabac… »

— Veux-tu que j’aille avec toi ? demanda-t-elle timidement.

— Dans ce costume ?

— Ce ne serait pas la première fois…

— Merci ! Pour que les gamins crient à la chienlit… Tante Éléonore a raison, cette fois : tu es trop grande pour t’affubler d’une culotte ; c’est ridicule !

Allons ! Michel comme les autres…

Elle l’accompagna un instant le long du sentier, puis s’arrêta devant une vieille femme assise sur le seuil d’une maison voisine, entre deux maigres peupliers dont on avait blanchi le tronc à la chaux et qui dressaient au-dessus du toit une petite touffe de branchages.

« Comme la queue d’un caniche », pensa Criquet.

— Bonjour, mère Sainte, fit-elle.

— Bonjour, bonjour, mon petit gars, chevrota la vieille,

Et voyant rire la fillette ravie :

— C’est pas Dieu possible ! fit-elle en levant son