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criquet

— Déjà ! fait Criquet.

Ils devraient être heureux pourtant. Ne leur donne-t-elle pas toutes leurs fleurs préférées ? Ils n’ont même pas la peine de les chercher. Ne sont-ils pas à l’abri du froid, du vent, de la pluie ? Ils trouvent des amis pour causer et s’amuser. S’ils se plaignent, c’est qu’ils ont vraiment bien mauvais caractère ! L’an dernier, Criquet recommençait chaque jour sa tâche méritoire, forte de ses intentions charitables, remplie d’un espoir sans cesse renaissant.

Aujourd’hui, elle n’est plus sûre. Elle considère la cloche, les yeux brouillés de larmes ; songeant alors aux derniers mots de sa tante :

— C’est bien difficile de faire le bonheur des autres, pense-t-elle.

Et, levant le flacon, elle l’ouvre, puis regarde pensivement les bourdons grimper un à un vers le goulot, ouvrir leurs ailes brillantes, hésiter, décrire un grand cercle d’or frémissant et s’évanouir dans la lumière.