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le secret de la reine christine

ses mains la tête mutilée, souleva les paupières sur ces yeux bleu-vert qu’elle avait tant aimés et dont le regard fixe, plein de douleur et d’effroi, semblait la poursuivre, baisa les belles lèvres couvertes d’une écume de sang. Puis, s’écroulant en travers du corps, elle éclata en longs sanglots sans larmes, qui la secouaient de durs et violents spasmes.

Était-ce Rinaldo qu’elle pleurait ou son grand amour, lui aussi assassiné ?

Le lendemain, elle était de nouveau calme et ne fit d’autre allusion au drame que pour s’assurer que Monaldeschi serait inhumé dans l’église d’Avon et pour envoyer au Père Le Bel cent livres destinées à des messes pour l’âme du défunt.

Mais ses traits s’étaient figés en une sèche précision de lignes qui avaient perdu souplesse et velouté.

Ebba, sa chère Ebba, était morte deux mois plus tôt, en couches, sans avoir pu la revoir. À trente ans, la jeunesse de Christine était finie.

Une tendre et longue amitié avec le cardinal Azzolino fut la consolation de sa vie à Rome, où elle vécut, paisible et pacifié, jusqu’à l’âge de soixante-trois ans. Elle mourût en pleine connaissance, avec courage et tranquillité.

Mais plus jamais elle n’aima.

FIN
Cet ouvrage a été écrit en 1938