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LE SECRET DE LA REINE CHRISTINE

XII


Toutes les fenêtres du château de Gripsholm flambaient gaîment dans la nuit ; des cordons de lumières dessinaient la vaste enceinte des murailles et les tours trapues. Le long des routes blanches de neige et sur la glace du lac, venus des châteaux des alentours à trente lieues à la ronde, des traîneaux illuminés, pareils à des étoiles en marche, traçaient d’étincelants sillons.

On avait remontré à Christine que la noblesse des environs était impatiente de lui rendre hommage et que, malgré son parti-pris de solitude, elle ne pouvait, sans soulever un vif mécontentement, se dispenser de donner une fête pendant son séjour à Gripsholm.

On célébrait donc ce soir du 23 décembre, à la fois la solennité de Noël et l’anniversaire des vingt ans de la jeune reine, née un 18 décembre.

On avait ouvert les salons dorés et les vastes galeries que la reine-mère Marie-Eléonore avait fait orner de fresques mythologiques et de scènes de chasse, peintes sans grand génie, mais dont les couleurs brillantes réjouissaient les yeux et le cœur.

Une foule élégante d’hommes en pourpoints de velours, en bas de soie, de femmes aux épaules nues, dansaient menuets et chaconnes aux accents allègres et précieux de la musique française.