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Page:Virenque - L'enclos du rêve, 1904.djvu/117

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chansons aux bien-aimées


Vous mettrez le manteau d’hermine et de satin
Et les souliers d’argent brodés de perles fines ;
Sur vos cheveux épars le voile de malines ;
Sur vos bras somptueux et sur votre col fin
Vous mettrez le manteau d’hermine et de satin.

Les oiseaux dormiront, blottis sous les feuillées,
Et comme des enfants craintifs et pris de peur,
Nous irons enlacés au jardin du Bonheur.
Dans le mystère des heures ensommeillées,
Les oiseaux dormiront, blottis sous les feuillées.

Parfois nous pencherons nos fronts furtivement,
Comme si des rôdeurs passaient parmi les arbres,
Mais nous ne verrons rien que le geste des marbres,
Dressant vers nous leur rêve éternel et charmant.
Parfois nous pencherons nos fronts furtivement,

Et nous craindrons le vent qui passe et qui soupire,
Et sur leurs thyrses verts les calices penchés
Nous sembleront des yeux juges de nos péchés,
Et, frissonnant tous deux sans oser rien en dire,
Nous craindrons jusqu’au vent qui passe et qui soupire,