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Page:Virenque - L'enclos du rêve, 1904.djvu/26

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l’enclos du rêve


Dans l’étable où sont les troupeaux,
Sournois, il glisse par les fentes,
Chevauchant les brebis bêlantes,
Appuyant sa lèvre aux pipeaux ;
Il se mire dans les fontaines,
Qu’il éclabousse de rayons
Et câline tous les sillons
Éparpillés au fond des plaines.

Il joue à travers les buissons,
Salue en passant les fauvettes,
Les pierrots et les alouettes
Qui lui répondent en chansons ;
Il chauffe, au seuil de leur chaumière,
Les éclopés, les décrépits,
Et nimbe d’or les tout petits
Qui se baignent dans sa lumière.

Enfin, lui, le grand chemineau,
Qui dans les cieux toujours chemine,
Vers tous les errants il s’incline…
Si l’un d’eux dort sur le coteau,
Patient il est à l’écoute ;
Et quand vient l’heure du réveil,
Il dit : « C’est moi, moi le soleil !
Hardi, mon compagnon, en route ! »