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Page:Virenque - L'enclos du rêve, 1904.djvu/28

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l’enclos du rêve

DEVANT LE LEMAN

Comme une coupe d’art qu’un ciseleur épris
Sculpterait dans le bloc d’une gemme géante,
Étincelant joyau, pour lequel il eût pris
Une pierre à l’eau pure et profonde et changeante ;

Tel le Créateur fit le Léman, flots polis,
Où se mire des monts l’émeraude vivante,
Et qu’à l’aurore, aux horizons déjà pâlis,
Les cieux viennent baiser sur leur moire mouvante.

Les barques en passant y jettent le vol clair
Des voiles, s’éployant et se jouant dans l’air
Comme des albatros aux fantastiques ailes.

Et dans le matin bleu, saturé de douceur,
Harmonieux et calme et clément et berceur,
Palpite la beauté des choses éternelles.