veulent que la flamme le réduise en cendre, ou que le fer en sonde les profondeurs, en interroge les mystères.
Pendant que la multitude incertaine se partage en avis contraires, Laocoon paraît : suivi d’un nombreux cortège, il accourt, l’œil en feu, des hauteurs de la citadelle ; et d’un tertre voisin : « Malheureux ! s’écrie-t-il, quelle démence vous égare ? Les croyez-vous loin de ces bords, vos cruels ennemis ? Ces pieux tributs de la Grèce, les croyez-vous exempts de perfidie ? Est-ce là connaître Ulysse ? Ou ces cloisons trompeuses recèlent les enfans d’Argos ; ou l’astuce fabriqua cette machine impie, pour dominer nos tours, et vomir la mort sur nos têtes. Oui, ce vœu cache un piège. Troyens ! méfiez-vous, quel qu’il soit, de ce cheval funeste ! je crains les Grecs, jusque dans leurs présens. » Il dit, et d’un bras nerveux pousse une longue javeline contre le vaste sein du monstre. Le trait s’y fixe et tremble ; la masse ébranlée mugit, et ses sombres cavernes résonnent d’un lugubre murmure. Ah ! sans le courroux des dieux, sans le vertige de nos pensées, nous suivions cet exemple, nous brisions sous la hache ces repaires ennemis ; et toi, Pergame, tu régnerais encore ! palais superbe de Priam, tu serais encore debout !
Au même instant s’avançait, les mains chargées de chaînes, un jeune homme que des bergers Phrygiens traînaient à grands cris vers le roi. Inconnu, prisonnier volontaire, il s’était livré lui-même pour mieux servir ses complices, et leur ouvrir les portes d’Ilion : fourbe armé d’audace, également prêt, soit à forger d’odieux