s’obstine à se taire : enfermé dans sa tente, il refuse de prêter sa voix au courroux céleste, et de consacrer l’homicide. Enfin, cédant comme à regret aux longues clameurs du fils de Laërte, il rompt le silence, et me dévoue aux autels. L’armée s’empresse d’applaudir ; et le coup que chacun redoutait pour soi-même, on le vit avec joie frapper un malheureux sans défense. »
Déjà paraît le jour funeste ; déjà se dispose l’appareil du sacrifice, et les gâteaux sacrés, et les bandeaux qui devaient ceindre ma tête. Je l’avoue, je m’arrachai au trépas, je brisai mes liens ; et caché, durant la nuit obscure, parmi les joncs d’un marais fangeux, j’attendis que les cruels s’aventurassent sur les flots, si quelque heureux hasard leur en inspirait la pensée. Ainsi donc plus d’espérance de vous revoir, champs qu’habitaient mes aïeux, de vous embrasser encore, enfans chéris, père adoré, vous que mes ennemis peut-être puniront de ma faute, vous dont le supplice, hélas ! va sans doute expier mon crime ! Ah ! du moins, au nom des dieux immortels, de ces dieux qui lisent dans le cœur des humains ; au nom de la bonne-foi, trésor des âmes pures, s’il en est encore sur la terre ; je vous en conjure, Prince magnanime, ayez pitié des maux qui m’accablent ; ayez pitié d’un infortuné, digne d’un meilleur sort ! »
Il pleurait ; nous lui laissons la vie, et nos larmes se mêlent à ses larmes. Priam lui-même fait tomber ses fers, et le rassure par ces paroles consolantes : « Qui que tu sois, oublie la Grèce qui