Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/159

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’en ces tristes momens nous couvrons Iule de baisers et de larmes, une flamme légère environne soudain sa tête d’un cercle lumineux, effleure, sans l’offenser, sa molle chevelure, et se joue autour de son front. Dans notre effroi, nous nous pressons autour de lui ; nous secouons ses cheveux embrasés ; et sous les flots d’une onde pure, nous essayons d’éteindre cette flamme mystérieuse. Mais Anchise lève au ciel des yeux où rayonne la joie ; et les mains étendues vers l’Olympe, il s’écrie : « Jupiter tout puissant ! si les prières ont le pouvoir de te fléchir, jette sur nous un regard seulement ; et si notre piété n’est pas indigne de tes faveurs, daigne, ô père des humains, nous manifester ta présence, et confirme un heureux présage ! »

À peine a-t-il parlé, que vers sa gauche retentissent les éclats du tonnerre. Détachée de la voûte céleste, une étoile fend les ténèbres de la nuit, et promène au milieu des airs sa queue flamboyante. On la voit raser en courant le faîte de l’édifice, et nous marquant la route, s’enfoncer radieuse dans les bois touffus de l’Ida. Derrière elle se prolonge un sillon de lumière, et les lieux d’alentour fument au loin d’une vapeur sulfureuse. Vaincu par tant de merveilles, Anchise se lève avec transport ; il rend grâces aux Immortels, il adore l’astre qu’ils envoient. « C’en est fait, dit-il, je vous suis ; je vole où votre voix m’appelle. Dieux de mes pères, protégez ma maison, protégez son dernier espoir. Pergame accepte vos augures, ses destinées sont dans vos mains.