mais dissimulaient en partie la profondeur des blessures que la France venait de recevoir : elle respirait un instant à l’ombre des lauriers moissonnés à la fois sur toutes ses frontières par ses armées victorieuses. Le premier, et presque le seul avantage de ce calme mensonger, fut la résurrection des lettres, dont le flambeau, indignement foulé aux pieds par les vandales de 93, commençait à se rallumer au foyer Thélusson[1]. Là se réunissaient MM. Legouvé, Baour-Lormian, Arnault, Roger, Campenon, Vigée, Laya, qui tous ont justifié ou surpassé depuis les espérances que donnait alors leur jeunesse. M. De Guerle partagea avec eux les honneurs de cette première restauration du goût et de l’urbanité française. Ce fut vers cette époque qu’il publia son Éloge des Perruques, accompagné d’un Commentaire plus ample que le texte ; satyre ingénieuse d’un ridicule du moment, et qui, tout en annonçant dans M. De Guerle un spirituel imitateur d’Érasme, de Swift et de Rabelais, décelait aussi en lui l’observateur moraliste, et le savant sans pédantisme, qui savait prodiguer sur un fonds aussi léger les trésors d’une érudition plus variée et plus amusante que celle du docte Mathanasius. Cet opuscule a perdu le mérite de l’à-propos ; mais il conservera toujours celui d’avoir su renfermer la plaisanterie dans les bornes qu’elle ne franchit jamais sans cesser d’être la bonne plaisanterie.
- ↑ L’hôtel Thélusson, où les membres du Lycée de Paris tenaient leurs séances.