Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/23

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tières qu’il avait à traiter. Gardons-nous, toutefois, de l’accuser trop légèrement d’une fausse délicatesse dans cette circonstance. La surveillance de tous les momens attachée à la place de Censeur, la responsabilité morale qui sans cesse pèse sur lui, l’immensité des détails dans lesquels il doit entrer, et qui, toujours les mêmes, se renouvellent néanmoins tous les jours, ne paraissaient pas à M. De Guerle compatibles avec aucune autre fonction et ce n’était pas trop, selon lui, d’un homme tout entier pour satisfaire à tant d’obligations. Personne aussi ne les a plus exactement, plus fidèlement remplies ; et renfermé pendant quinze années dans la sphère modeste de ses attributions, son zèle n’a eu de mesure que celle de ses forces, son dévouement de terme que celui de sa vie. L’Université, respectant ses motifs, voulut cependant conserver à la Faculté des Lettres un de ses membres les plus distingués : elle lui donna le titre de Professeur honoraire, et confia la chaire d’Éloquence française au courageux auteur de l’Ami des Lois.

Les courts instans de loisir que laissaient au Censeur des devoirs aussi multipliés n’étaient cependant point perdus pour l’homme de lettres : il les consacrait à revoir, à perfectionner sans cesse cette traduction de l’Énéide qui l’occupait depuis vingt ans, qu’il corrigeait peu de temps encore avant sa mort, et que nous déposons aujourd’hui sur sa tombe. Tous les amis de la poésie et la jeunesse studieuse recevront sans doute avec reconnaissance ce dernier