Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/307

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solennel, célébrons tous ensemble la mémoire d’un père adoré : demandons-lui des vents propices ; et puissé-je, fondateur d’un nouvel empire, lui porter ainsi tous les ans le tribut de mon culte, dans des temples érigés à sa gloire ! Fils de Troie comme vous, Aceste vous accorde en présent deux taureaux par navire : appelez aux banquets sacrés et nos dieux domestiques et les dieux que révère ce prince hospitalier. C’est peu : si la neuvième aurore se montre aux mortels brillante et radieuse, et promet à l’univers l’éclat d’un jour sans nuage, j’inviterai les Troyens à d’innocens combats. Les galères ouvriront les jeux. Que celui dont la course agile peut défier les vents ; que celui dont le bras nerveux lance avec plus de force le trait rapide ou la flèche légère ; que celui dont l’audace ne craint pas d’affronter les coups pesans du ceste ; que tous paraissent ! les palmes de la victoire attendent les vainqueurs. Vous, peuple, faites silence, et ceignez vos fronts de feuillage. »

Il dit, et couronne sa tête du myrte maternel. Hélymus s’en pare à son tour ; à son tour le vénérable Aceste en ombrage ses cheveux blancs : le jeune Ascagne l’imite ; le peuple entier suit leur exemple. Alors se levant le premier, le héros entraîne avec lui la foule innombrable qui l’environne, et s’avance au milieu de ce long cortége vers la sépulture d’Anchise. Là, prodiguant sur le sol funèbre les libations accoutumées, il y répand deux vases d’un vin pur, deux d’un lait tiède encore, deux d’un sang consacré ; puis le couvrant des fleurs chères à Vénus, il prononce ces