Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/329

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l’autre, élevé parmi les Arcadiens dans les murs de Tégée. On voit aussi paraître sur les rangs Hélymus et Panope, tous deux l’honneur des Sicaniens, tous deux accoutumés aux fatigues des bois, et compagnons du vieux Aceste. Nombre d’autres les suivent ; mais leurs noms obscurs sont enveloppés dans l’oubli.

Énée, dominant la foule, élève ainsi la voix : « Prêtez l’oreille, généreux émules ; et redoublez, en m’écoutant, d’allégresse et d’ardeur. Nul de ceux qui seront entrés dans la lice, n’en sortira sans un don de ma main : je promets à chacun deux javelots crétois étincelans d’un fer poli, une hache à double tranchant que décore un argent ciselé. Ce tribut d’honneur sera commun à tous. Trois prix à part attendent les trois vainqueurs, et l’olivier ceindra leur tête de sa verdure pâlissante. Au premier je réserve un coursier superbe, richement équipé ; au second, un carquois d’Amazone garni de ses flèches de Thrace ; une large chaîne d’or le suspend à ses anneaux mobiles, et l’agrafe qui la noue rayonne des feux du diamant. Ce casque grec ornera le front du troisième. »

Il dit ; les concurrens se placent, et le signal se fait entendre. Soudain ils partent, ils volent, emportés dans l’arène comme un rapide tourbillon, et les yeux fixés sur le but. À leur tête, et passant de loin tous les autres, Nisus fend l’air, plus vite que les vents, plus prompt que l’aile de la foudre. Après lui, mais distant d’un long intervalle, se précipite Salius. Derrière, un nouvel espace reste vide. Au troisième rang vient Euryale : Euryale est suivi d’Hélymus : tout près