Page:Virgile - Énéide, traduction Guerle, 1825, livres I-VI.djvu/4

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pour ne faire qu’un avec lui, en sorte que le don de la création soit le seul avantage qui distingue l’auteur traduit de son interprète[1].

On est donc d’accord sur les principes généraux de la traduction ; mais il se présente encore un problème à résoudre. Faut-il traduire les poëtes en vers ou en prose ? La réponse, selon nous, n’est point douteuse pour tout homme doué du sentiment de l’harmonie poétique. Oui, il faut traduire les poëtes en vers ; mais pour y réussir, c’est peu que de connaître le mécanisme de la versification ; il faut avoir reçu du ciel cette influence secrète dont parle Boileau ; il faut être doué de cette inspiration divine, de ce brûlant enthousiasme, sans lesquels il n’est point de bon poëte, sans lesquels il n’est point de bon traducteur d’un poëte. D’après les qualités que vous exigez dans une traduction en

  1. Marmontel, Élémens de littérature.